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Titel
Vorsicht Glas ! Die römischen Glasmanufakturen von Kaiseraugst.


Autor(en)
Fischer, Andreas
Reihe
Forschungen in Augst 37
Erschienen
Augst 2009: Verlag des Römermuseums Augst
Anzahl Seiten
194 S.
Preis
URL
Rezensiert für infoclio.ch und H-Soz-Kult von:
Marie-Dominique Nenna

Il faut savoir gré à Andreas Fischer de s’être lancé dans la publication de deux fouilles anciennes auxquelles il n’a pas participé, effectuées sur des parcelles voisines en 1974 et 1978 dans la ville basse d’Augst, particulièrement intéressantes pour l’artisanat du verre romain. Comme elles avaient été partiellement publiées ou signalées par T. Tomasevic, le premier souci de l’a. a été de reprendre les données de fouilles pour établir avec grand soin les différents phases et états de l’occupation et la chronologie relative et absolue des deux parcelles à partir de l’analyse des structures, de la stratigraphie et du mobilier. Les vestiges se répartissent en cinq phases d’occupation : les deux premières appartiennent aux deux camps militaires (de 40–50/60 apr. J. C.) qui sont par la suite abandonnés ; dans la quatrième phase, à partir de 100, le réseau de rues est établi et les deux ateliers de verriers sont aménagés de part et d’autre d’une rue, l’un (parcelle fouillée en 1978 : dans « Region 17B ») après l’autre (parcelle fouillée en 1974 : dans « Region 17C »); dans la dernière phase, après 220, les édifices sont détruits ou transformés.

La parcelle 17B n’a livré qu’un seul four, tandis que la parcelle 17C en a livré 14, de formes et de fonctions variées, installés dans les deux cas dans de grandes halles. Une description très minutieuse et précise accompagnée d’une documentation graphique et photographique de qualité en est donnée. Tous sont conservés sur une faible hauteur et dans bien des cas se superposent : four 1 reposant sur four 9, four 10 sur four 2, fours 3, 8, 11, 12, 13 et 14 se superposant dans une stratigraphie complexe sur un espace réduit.

Neuf fours possèdent une chambre de chauffe ronde (diam. inf. autour de 60 cm) ou ovale (ca. 40 sur 60 cm) dont le fond est tapissé de tuiles, les parois montées à l’aide de tuiles et l’alandier de forme rectangulaire, conservé dans quelques cas ; les premiers sont antérieurs et placés à l’écart des seconds, mais il s’agit dans tous les cas de fours secondaires de fabrication d’objets. Même si seule la chambre de chauffe est conservée, l’a. les interprète tous comme des fours à creusets (de 2–4 par four), ce qui amènerait à réviser la date d’apparition de ce type de fours, fréquents en Occident à partir de la fin du 3e–4e siècle. Il est vrai qu’il dispose d’un ample répertoire de vases qui sont indubitablement des creusets, mais on ne peut exclure que les fours les plus anciens aient présenté une sole-cuve 1. Augst se singularisait fortement, par rapport aux découvertes contemporaines de Besançon et de Plaudren 2, où aucun creuset n’a été découvert. On signalera aussi la découverte récente à Bordeaux d’un atelier comprenant trois fours circulaires daté du 3e siècle, mais sans creuset 3.

Pour les structures quadrangulaires, l’interprétation est difficile, vu la superposition des vestiges, leur état extrêmement fragmentaire et nos faibles connaissance en la matière (fig. 22). La forme architecturale est basiquement la même : un bassin rectangulaire avec un compartiment en abside ou rectangulaire à une des petites extrémités 4. L’a. repousse avec réticence, mais à raison, l’hypothèse de four primaire de fusion des matières premières (p. 109.110) et se fonde sur la coloration des matériaux de construction indicative de la température, la présence de couche vitreuse et la profondeur de l’enterrement de la structure pour distinguer deux catégories : four de recuisson et four où étaient fondus verre brut et groisil. Pour ces derniers, il écarte sans qu’on comprenne bien pourquoi l’hypothèse d’un four destiné à la fabrication d’objets (p. 73, note 117). Si on le suit bien pour la classification des fours 8, 11 et 13 comme four de recuisson (chambre de chauffe en abside, faible température 500°, pas de couche vitreuse dans le bassin et faible enterrement), on reste plus dubitatif pour les fours 12 et 14. Bien peu de verre est conservé dans les deux cas, la forme de la chambre de chauffe dite rectangulaire est peu claire et l’on pourrait se demander si 11, 12 et 13 ne sont pas trois fours de recuisson construits successivement sur le même emplacement. De fait, le postulat « form follows function » énoncé à la p. 72 ne semble pas adéquat dans le cas des fours à bassin rectangulaire. Sans parler des fours primaires, les découvertes archéologiques indiquent que la chambre de chauffe d’un bassin aux parois couvertes de verre peut être tantôt rectangulaire (Besançon), tantôt en abside (Plaudren) 5 et sans doute en allait-il de même pour les fours à recuisson, connus par exemple à Cologne 6. Le four 3, fragmentaire, qui se singularise par la présence d’un canal périphérique autour du bassin central présentant les traces de deux phases d’activité (parois recouvertes d’une épaisse couche de verre) est encore un bon exemple de la non adéquation du postulat, puisqu’un four de forme architecturale équivalente a été découvert à Besançon et que le bassin ne présente aucune trace de verre, tandis que le compartiment rectangulaire (chambre de chauffe non conservée à Augst, mais supposée) en est recouvert et qu’on serait dans le cas de Besançon en présence d’un four combinant chambre de chauffe, chambre de refusion et bassin de recuisson entouré d’un canal périphérique. L’interprétation du four 3 est difficile, ses parois vitreuses ne montrent pas de claires traces de débitage de la dalle de verre qui y aurait été constituée (fig. 56), s’il s’agissait d’un four de recyclage et la bande de 10 cm sans verre au sommet des parois reste énigmatique. La nécessité même d’un four de recyclage au sein de l’atelier est douteuse, puisque la fusion entre verre recyclé et verre brut se faisait sans accrocs dans les creusets ; elle ne peut s’expliquer que si l’on suppose, ce que ne fait pas l’a., une commercialisation du verre à l’état brut. Peut-être faut-il voir simplement dans le four 3 un four secondaire destiné à la manufacture d’objets. Le fait d’avoir dans le même atelier des fours circulaires et des fours rectangulaires, tous dédiés à la manufacture d’objets, de couleur ou de taille différente n’a rien d’impossible 7. On hésitera donc à se rallier à la proposition (fig. 100), par trop systématique, qui met en regard de chaque état trois types de four : four de recyclage, four de refusion et four de recuisson.

La suite de l’étude présente les fragments de creusets qui se répartissent en quatre types selon de la forme de leur bord et étaient souvent chemisés, puis les fragments de verre brut et les déchets de production (notamment mors). Contrairement à d’autres ateliers, le mobilier en verre livré par la fouille est extrêmement peu abondant (des dessins auraient été bienvenus) et il ne semble pas avoir eu dans les deux halles de dépotoirs de verre comme on en connaît ailleurs, qui comprennent à la fois du groisil et des ratés de production ; il est donc difficile de définir le répertoire de l’atelier, au delà des bouteilles carrées dont la production est assurée à Augst par des découvertes de moule et peut-être de verres à vitre.

Dans la synthèse, l’a. insiste sur la position privilégiée des deux ateliers proches des voies de communication routières et fluviales, retrace le développement supposé de l’atelier 17C et propose sur des bases discutables (6 ans de vie pour un four selon les verriers M. Taylor et D. Hill ; par contraste, les fours de fabrication de perles contemporains de la région d’Izmir sont reconstruits tous les 7 à 8 mois,) une durée d’activité de 25 ans. Pour l’atelier 17B, il s’interroge sur la présence d’un unique four. Il reprend ensuite rapidement les quelques données dont nous disposons sur les verriers antiques 8 et sur la possible organisation des ateliers (nombre d’ouvriers, saisons de travail, lieu de vente …).

Cette étude apporte beaucoup à la réflexion grâce à la précision de la description des nombreux vestiges, tant mobiliers (creusets) qu’immobiliers (fours ; halles) et à leur mise en séquence stratigraphique. On hésitera néanmoins à suivre l’auteur dans toutes ses interprétations, tant les structures sont fragmentaires et notre savoir encore restreint.

Anmerkungen:

1 voir M. Taylor/D. Hill, Experiments in the Reconstruction of Roman Wood-fired Glassworking Furnaces. Journal of Glass Studies 50, 2008, 249–270, particulièrement fig. 1.20.
2 Le manuscrit ayant été déposé en 2006, l’a. n’a pu tenir compte d’un certain nombre de publications qu’on indique ici dans les notes : A. Triste/S. Dare, Découverte d’un nouvel atelier de verriers antique en Bretagne : le site de Kerfloc’h à Plaudren (Morbihan). Bulletin de l’Association Française pour l’Archéologie du Verre 2006, 20–23.
3 K. Chuniaud, Ateliers de verriers sur le site de l’auditorium à Bordeaux (Gironde). Bulletin de l’Association Française pour l’Archéologie du Verre 2008, 47–49.
4 Sur les fonctions variées des fours à bassin rectangulaire, voir M. D. Nenna, Nouveaux acquis sur la production et le commerce du verre antique entre Orient et Occident. In : Internationaler Kongress Crafts 2007, Handwerk und Gesellschaft in den römischen Provinzen, Zürich, 1.–3. März 2007. Zeitschrift für Schweizerische Archäologie und Kunstgeschichte 65, 2008, 1/2, 61–65.
5 pour un nouveau four à bassin rectangulaire recouvert de verre, voir G. Baestean/C. Höpken, Ein römischer Wannenofen zum Glasschmelzen in Sarmizegetusa (Rumanien). Journal of Glass Studies 51, 2009, 219–223.
6 C. Höpken/F. Schäfer, Glasverarbeitung und Glaswerkstätten in Köln. G. Creemers (ed.) Roman Glass in Germania Inferior, Interregional Comparisons and Recents Results. Proceedings of the international conference, held in the Gallo-Roman Museum Tongeren, May 13th 2005. Atuatuca 1, 74–85. Tongeren 2006.
7 ainsi à Besançon et à Plaudren, voir aussi la remarque de Taylor/Hill, (note 1) 270.
8 Le nombre cité de 130 verriers connu pour l’Antiquité comprend les noms qui apparaissent sur les vases à marque qui sont aujourd’hui considérés comme les noms des producteurs du contenu et non du contenant.

Zitierweise: Marie-Dominique Nenna: Rezension zu: Andreas Fischer, Vorsicht Glas ! Die römischen Glasmanufakturen von Kaiseraugst. Forschungen in Augst 37. Augst 2009, 194 S., 140 Abb., 12 Taf. Zuerst erschienen in: Jahrbuch Archäologie Schweiz, Nr. 93, 2010, S. 300-301.

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Zuerst veröffentlicht in

Jahrbuch Archäologie Schweiz, Nr. 93, 2010, S. 300-301.

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